Pec 9 sept
Qu’est-ce qui fait que tout est plus clair dans ma tête, quand je suis ici? La clarté du jour? La luminosité des étoiles de la nuit? Le fait que je n’ai pas de TV, nouvelles, internet limité et autres distractions du quotidien?
Le fait que j’ai toujours quelque chose à faire, ne serait-ce que juste regarder dehors la nature et écouter l’eau de South Bay et les oiseaux? Ou bien de coller des étiquettes, de façon un peu maladroite, sur des bouteilles de Merlot, pinot gris ou chardonnay, en jasant de tout et de rien avec Lise. De sortir chester pour lui faire faire ses besoins essentiels animaux et de le regarder lui, observer la nature.
Et y a Yvette, la sauvage, qui vient se coller de loin, quand ça lui tente. Elle observe les consignes de distanciation sociale. She’s playing hard to get.. Yvette, c’est le chat sauvage de Lise. Elle disparue neuf jours quand Lise est arrivée dans le comté au début mai, quand la pandémie avait déjà tout arrêter, incluant son travail au resto de l’aéroport. Il y a des coyotes ici, des pékans, aussi.
Environnement hostile, mais pas pour une chatte aussi futée qu’une meute de renards. Je sais, c’est les loups qui s’ameutent. Il y en a aussi peut-être… Mais elle est vraiment aussi futée qu’une douzaine de renards ou de pékans, mélange de loups ou de velociraptors réunis.
Pas de dinosaures ici, mais beaucoup de sentiment d’une autre époque pour moi. The simple country life. Ou county life, dans ce cas ci. La vie dans le comté est simple mais pleine. Aujourd’hui, nous allons cuisiner toute la journée.
À moins qu’une urgence survienne dans le vignoble. Hier, j’ai texté Brian, pour savoir si il avait besoin de moi. Il a répondu, j’aurais besoin de faire des tests de brix dans le vignoble. Ton aide sera apprécié. Il va peut être pleuvoir.
Je serai là dans 10 min. Quand on travaille à la vigne, tout dépend de la température. Tout se décide selon dame nature. J’arrive 12 minutes Plus tard et il pleut… merde, on a manqué notre fenêtre. Brian m’attend sur le kubota, espèce de kart de golf, mais à essence.
Ce n’est que quelques gouttes. On y va! Il fonce dans les rangs 3 et 4 de pinot gris. Je me sens comme dans le manège le monstre, à la ronde. Il m’explique rapidement;
Tu prends cet appareil, un espèce de microscope, tu lèves la languette vitrée et tu mets quelques gouttes. C’est comme mon glucomètre pour le diabète, alors!
Au lieu de jeter le raisin, on le mange. Comme pour confirmer le taux de brix mesuré. 17, s’exclame t-il, en regardant dans la lentille. J’écris dans la colline du rang 3. On avance 10m. Prends un raisin de ton côté, rang 4 . Il faut nettoyer la surface du lecteur à chaque raisin testé. Il me passe l’appareil, combien mesures tu? J’ai de la difficulté à lire, car je dois enlever mes lunettes. Je dis 16? Non 17 aussi. Regarde, toi! Il confirme: 17. Et on repart en alternance jusqu’au bout du rang.
Après une heure de ce que je comparerais à un safari sans animaux, à part Chester, Yvette, qui sont des bibittes à 4 pattes inoffensives, y a seulement les 2 bibittes à sucre dans le kabuta. Nous avons terminer le manège safari. Couvert environ la moitié des 24 rangs. Assez d’info pour faire une moyenne de 17 brix et pour dire que la vendange se fera dans 10 jours.
Il me demande; est-ce que c’est ok, pour ton diabète, de manger des raisins sucrés comme çà. Je réponds; les fruits frais, aucun problème. C’est quand on fait du vin avec que c’est moins bon pour moi.
Brian me dit: physicians… what do they know?….;)
Même le nom du véhicule, qui me rappelle vraiment une ride de montagnes russes, ressemble à un nom de safari africain. Brian est en effet une bibitte unique. Moi aussi. La chimie passe entre nous 2. Nous sommes de la même race. La race humaine; curieuse, inventive, naïve, maladroite et gauche parfois, éparpillée.. Déterminée… à découvrir plein de nouvelles choses passionnantes.
Demain, Margie et Brian viennent souper à la maison. Apéritif à 17hr30. J’ai acheté un bon pinot noir du comté de chez Stanner, un des bons vignerons dans le comté. Aussi, un chardonnay sans bois, de rose hall run, fait par Dan Sullivan, un bon ami à Brian. Son chardonnay élevé en fût de chêne a gagné le jugement de Kingston, en 2017. Contre de grosses pointures californiennes.
On va cuisiner asiatique végétarien , puisqu’il n’ a pas de bons restos asiatiques dans le comté, semble-t-il, au dire de nos invités. Et Brian est végétarien, mais n’en fait pas une religion. Plus pour des raisons de santé.
Il fait assez beau pour prendre l’apéro à l’extérieur, mais on entre à l’intérieur pour manger une entrée de rouleaux impériaux maison. Que nous avons préparer frais, une heure avant leur arrivée. Ensuite un pad thaï, sauce tofu, comme plat principal.
Le chardonnay en apéro était parfait et nous ouvrons le pinot pour y goûter avec les rouleaux. Pas l’accord parfait , pour les rouleaux. Le chardonnay aurait été mieux mais, soif oblige, et les accords parfaits n’existent que dans les livres.
Les rouleaux sont loin d’être parfaits. En fait, c’est la catastrophe. Les pâtes ont collé ensemble et quand Lise tente de les séparer, ils sont retissants à la séparation et se défont puis se retrouvent eventrés , dans l’huile de sésame. Le choux par ici, le céleri par là, les carottes qui flottent. Au moins les 2 premiers sont réussis et nos invités en profiteront. Les hôtes se contentent des naufragés du Titanic. Pauvres légumes dans leurs barques de pâte fragile, brisées par la fatalité de l’huile chaude et de leur manque de distanciation sociale dans la plaque où ils cohabitaient avant de frapper l’iceberg. Quand même goûteux, puisqu’ils ont redemandé un deuxième radeau de sauvetage, même brisé par la marre d’huile. La sauce aux arachides aidant.
Et maintenant le pad Thai est ma responsabilité. La sauce tofu est prête depuis déjà 3 heures. Un mélange d’ail, de tofu, sauce chili, huile de sésame, pâte de tamarin, jus de lime. Reste à faire sauter les légumes. Et ensuite ajouter la sauce, les nouilles de riz et les fèves germées. Allez, on se lance!
On sert et le résultat est… fade et sans goût. Les herbes fraîches n’aident pas. La combinaison de menthe, basilic, coriandre ne s’amalgame pas bien. Pour les recettes au tofu de Jamie Oliver, en Ontario, en temps de pandémie, on repassera! Mais la sauce aux chili doux thaï, la sauce aux arachides et la sauce soya viennent sauver les meubles. Vive les sauces! Vive le pinot gris à Brian aussi qui aide. Le petit Mennetou Salon de la Loire aussi, aident.
Le dessert est par contre très réussi, avec le sorbet de key lime pie et fruits frais, pêches de Niagara, bleuets du Lac St-Jean, et framboises de… la Californie.
-n’oublie pas, demain, on embouteille. Et Brian et Margie nous quittent sur cette fin de soirée asiatique réussie malgré tout. Leur compagnie est toujours agréable.
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